Informations sur le livre
TITRE : Les Schtroumpfs - Tome 16 - Le Schtroumpf financier
Auteur : Peyo, Thierry Culliford
Illustrateur : Peyo, Alain Maury, Luc Parthoens
Éditeur / Collection : Le Lombard
Date de Parution : Novembre 1992
Prix : 10,60 €
Cote : BD PEY
Résumé : En allant chercher un médicament pour le Grand Schtroumpf, alité suite à un accident, un Schtroumpf découvre, au marché du bourg, l’existence de l’argent… fasciné par son fonctionnement, il décide d’importer sa découverte dans son village. Chaque Schtroumpf se voit doté d’une somme égale, mais très vite, les différences et inégalités apparaissent pour la première fois entre les Schtroumpfs, selon leurs professions, leurs talents… tandis que le Schtroumpf financier, qui tient les cordons de la bourse, s’enrichit de plus en plus grâce à un système de prêts et d’intérêts.
Genre : Bande dessinée
Mots-clés : Argent, économie, richesse, pauvreté, banque
Travail sur le livre
Titre du (des) réseau(x) :
L’argent destructeur
Obélix et compagnie - René Goscinny, Albert Uderzo, Dargaud
Les marchands - Chanson de Georges Moustaki
La Jeunesse de Picsou - Keno Don Rosa
Conte de Noël - Charles Dickens
1900 – Film de Bernardo Bertolucci
Caution scientifique / Note sur le(s) auteur(s) et le(s) illustrateur(s) :
De son vrai nom Pierre Culliford, Peyo débute sa carrière dans le dessin animé, avant de rejoindre le journal Poussy, puis à Spirou où il crée sa première série de bande dessinée, Johan et Pirlouit. C’est dans le seizième tome de leurs aventures – La Flûte à six trous - qu’apparaissent les Schtroumpfs, petits lutins bleus qui connaîtront un succès si fulgurant que Peyo se retrouve obligé de s’y consacrer pleinement, abandonnant pour ainsi dire sa série phare.
Il fonde, dans les années 60, son propre studio, et prend comme assistant de futurs grands noms de la bande dessinée belge, comme Walthéry, Gos ou Wasterlain. C’est aussi à cette époque qu’il crée la série Benoît Brisefer.
De nombreux critiques, avec plus ou moins de sérieux, ont voulu voir des symboles politiques dans l’organisation sociale du village des Schtroumpfs : modèle stalinien ou au contraire fasciste, références à la franc-maçonnerie, racisme supposé dans Les Schtroumpfs noirs, ou dans le supposé profil juif du sorcier Gargamel (sic)… La vérité est que Peyo ne s’est jamais préoccupé de politique, tout en distillant des analyses de phénomènes de société assez profonds : le rôle de la puissance dans Le Schtroumpfissime, la place de la femme dans La Schtroumpfette, ou le phénomène de l’argent dans Le Schtroumpf financier.
Thierry Culliford est le fils de Peyo. Scénariste de la série Germain et nous, il collabore avec son père depuis 1983 pour les scénarios des Schtroumpfs. Après la mort de Peyo en décembre 1992, il assure, avec sa sœur Véronique, la continuité de l’œuvre de son père.
Alain Maury est illustrateur au Journal de Spirou. Il collabore avec Peyo pour les illustrations des Schtroumpfsd à partir du Schtroumpf financier. Après la mort de Peyo, il redonna vie, de façon éphémère, aux personnage de Johan et Pirlouit.
Ancien élève du prestigieux Institut Saint-Luc de Bruxelles, Luc Parthoens entre en 1990 au studio Peyo. Il collabore à plusieurs histoires courtes des Schtroumpfs, puis participe aux illustrations des toms suivants, notamment en assurant l’encrage des crayonnés.
Nine Culliford est la femme de Peyo, qui a assuré la couleur de tous les albums des Schtroumpfs. Notons qu’elle est à l’origine de l’idée de la couleur bleue des Schtroumpfs.
Le Studio Leonardo est le studio ouvert par Vittorio Leonardo pour l’assister dans la mise en couleurs des grands titres des éditions Dupuis. Il est à noter qu’avant de passer en studio, Leonardo a colorisé seul de nombreuses séries. Il est composé de sa femme Carla, de son fils Jourdan et de collaborateurs occasionnels.
Analyse spécifique du texte et des illustrations :
Le Schtroumpf financier est le dernier album de Peyo avant sa mort. L’auteur a reçu l’aide de plusieurs assistants, y compris pour le dessin, contrairement à nombre de titres de la série qu’il créait en solo – avec une collaboration au scénario d’Yvan Delporte ou Gos pour plusieurs des premiers albums, et l’assistance de Gos au dessin dans un album. Cette collaboration se fait sentir sur certaines planches, on note quelques variations dans le dessin de certains personnages, l’identité graphique restant cependant inchangée.
L’album aborde le sujet de l’argent et de l’économie de façon assez vaste : après avoir développé le circuit de production des pièces – des matières premières à la frappe en passant par le design et la sculpture – il évoque, part le biais des interrogations des Schtroumpfs et des solutions trouvées par le Schtroumpf financier, les différents concepts liés à l’économie :
La répartition des richesses : le Schtroumpf financier donne à chacun une part égale pour lancer mle circuit économique – se réservant pour lui-même une double part…
La valeur donnée aux biens et aux services : les Schtroumpfs commencent par se demander combien vendre leurs produits et leur force de travail ; le Schtroumpf financier règle le problème en se basant sur les concepts de frais engagés et de temps de travail.
La richesse et de la pauvreté : si le Schtroumpf boulanger, le Schtroumpf paysan et le Schtroumpf bricoleur ont une profession qui génère beaucoup de bénéfices, le Schtroumpf farceur, le Schtroumpf poète ou le Schtroumpf paresseux se retrouvent sans revenus, les autres Schtroumpfs rechignant à dépenser leur argent pour des services qu’ils ne jugent pas indispensables – et l’absence de travail étant rédhibitoire.
Le travail des femmes : la Schtroumpfette réalise que les soins prodigués au Grand Schtroumpf, aux enfants, ainsi que la lessive et le ménage ne sont pas rémunérés…
Le système bancaire : les Schtroumpf riches vont déposer leur argent chez le Schtroumpf financier, pour le faire fructifier avec un système d’intérêts, tandis que les Schtroumpfs pauvres viennent emprunter de l’argent – là encore moyennant intérêts et garanties. Le Schtroumpf paysan, lui, des méfie de ce système bancaire et préfère cacher son argent…
La fausse monnaie, le crime : Gargamel produit de fausses pièces en plomb doré pour piéger les Schtroumpfs en jouant sur leur avidité, afin d’enlever le Schtroumpf paysan pour toucher une rançon.
Les marchés publics et la corruption : le Schtroumpf bricoleur réalise un devis pour la construction d’un nouveau pont en contactant divers fournisseurs de matières premières, et se voit donner un pot-de-vin par un Schtroumpf qui lui propose des planches de mauvaise qualité à un prix plus bas. Le Schtroumpf financier finance la construction en échange d’un bénéfice généré par un péage sur le pont.
Le travail salarié : quand sonne la cloche de 5 heures, tous les Schtroumpfs cessent de travailler, n’étant pas payés sur les heures supplémentaires.
Finalement, l’arrivée de l’argent détruit le lien social des Schtroumpfs : les arts (Schtroumpf poète, Schtroumpf musicien, Schtroumpf farceur), les sciences (laboratoire en ruines du Grand Schtroumpf), la culture (les fêtes ne sont plus organisées, car elles coûtent trop cher) sont abandonnés au profit du travail rémunérateur ; les tensions s’accroissent, la solidarité disparaît, remplacée par la flagornerie… Finalement, quand le Schtroumpf financier se retrouve propriétaire de tout le village, les autres Schtroumpfs s’en vont, le laissant seul avec son argent. L’aspect absurde de l’argent, qui est un besoin que les Schtroumpfs se sont créés de toutes pièces, est alors révélé.
Ateliers / Activités
Sociogramme du village Schtroumpf (possibilité de s’appuyer sur d’autres albums empruntés en bibliothèque municipale)
Remettre dans l’ordre les cases des pages 12 à 15, où le Schtroumpf financier fabrique l’argent.
Imaginer le rapport à l’argent d’autres Schtroumpfs, réels ou inventés.
Conclusion
Pourquoi ce livre dans la sélection ? Dans quel axe (thème) est-il pertinent ? :
Malle ENSEMBLE
Thème très peu représenté dans le fonds
Quasiment la seule BD de cette sélection (avec Tétine man)
La série Les Schtroumpfs est un grand classique absent du fonds
Auteur(s) de la fiche :
Guillaume Bonotaux - Centre Paris Lecture
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